4 avril 2009
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Du 11 juin au 5 juillet 1998 : de Moorea à Honolulu.
Une traversée tranquille et sans problème majeur. Pot au noir de deux jours, avec un seul gros grain d’une heure. Juste à ce moment bien sûr, rupture de la drisse de grand voile. Il fallut monter en tête de mat, ce qui ne fut pas évident...
Honolulu, ville sans grand intérêt, si ce n’est l’avitaillement et le matériel nautique. Achat d’un radar et d’un système weather fax couplé sur la BLU. Nous pensions être tard dans la saison, alors qu’il s’avère que la meilleure période pour monter vers le Nord (Alaska ou Vancouver) est le mois d’août.
L’anticyclone s’établit très loin au Nord et fait remonter toutes les dépressions (les extra-tropicales sont parfois très rudes) au-delà de la «courbure» des îles Aléoutiennes. Phénomène que l’on pourra vérifier également pour le voyage de retour.
Du 25 juillet au 20 août 1998 : de Honolulu à Valdez.
Vingt-six jours de près plus ou moins serré. L’anticyclone fut toujours au rendez-vous mais très décalé vers l’ouest, ce qui nous donna uniquement du vent de N à NE !
Excepté trois journées un peu difficiles vers le 40è N, le vent fut toujours inférieur à 7 Beaufort et la mer toujours relativement maniable.
Nous voulions atterrir sur Kodiack. Malheureusement, la météo était franchement plus mauvaise, à 200 M vers l’ouest; ce qui fait que nous allâmes directement sur Valdez.
Sentiments inoubliables, à 100 M de la côte, la vision des immenses glaciers de Resurection Bay, des pics enneigés sur tout l’horizon, des nuits très claires, légèrement marbrées par les aurores boréales ; notre premier saumon à la ligne de traîne, et puis 24 heures plus tard, notre entrée dans Prince William Sound parmi les growlers.
De septembre 1998 à août 2000 : Prince William Sound, Valdez.
Imaginez une baie de 100 M de diamètre, pratiquement complètement fermée, avec des centaines de mouillages praticables de juin à début septembre. Nous « traînons » une quinzaine de jours dans quelques mouillages.
Les loutres marines sont omniprésentes, par groupes de deux à plusieurs douzaines, cramponnées aux grandes algues pour éviter de dériver. Une pierre posée sur leur ventre, elles cassent leurs coquillages dessus, faisant des loopings dans l’eau pour enlever les débris...
Elles ne semblent pas effrayées par notre présence mais nous fixent du regard lorsque nous passons a proximité.
Les aigles à tête blanche (Bald Eagles) pêchent, imperturbables eux aussi face à notre présence. Leurs postes d’observations semblent être les sommets des petits icebergs (quatre à six mètres).
Les ours bruns, ou noirs, sont également partout. Des odeurs très musquées nous accompagnent souvent dans nos balades à pied. Ils nous sentent certainement avant qu’on puisse les voir. Leur vue, par contre, est très mauvaise ; aussi vaut-il mieux faire beaucoup de bruit lors de nos déplacements, pour ne pas les surprendre, et ne pas emmener de nourriture, pour ne pas les attirer.
Des groupes de phoques se laissent dériver sur les gros growlers, comme des touristes sur leurs matelas. Leurs regards sont presque humains, avec une lueur d’étonnement au fond des yeux.
Mi-septembre, il est temps d’aller inscrire notre fille Sarah à l’école. Nous devons également nous préparer pour l’hiver dans le petit port de pêche de Valdez.
Rester au mouillage l’hiver, même dans la baie de William Sound, est très difficile à réaliser.
Quelques mouillages pourraient s’y prêter, mais il faut bien préparer son coup. C’est six à huit mois d’isolement total, sans possibilité de se déplacer. Donc réserve alimentaire, gas-oil...
Plus tous les impondérables que nous ne connaissons pas (par rapport au froid ). Ce ne serait plus le but du voyage...
Le matin, il y a de la gelée blanche sur les pontons et les sommets alentours sont de plus en plus blancs, de plus en plus bas. Tout le cockpit et la descente de Satyavan sont bâchés de façon à faire une sorte de sas pour se déneiger et se déshabiller.
Fin octobre, la neige est toujours timide mais le froid beaucoup plus intense. Avant que tout soit recouvert, tout le monde en profite pour faire de grandes parties de patins à glace sur le lac voisin.
Le 30 octobre, les parties de halloween s’accompagnent d’énormes flocons de neige. (“it snows hamburgers”). En fait, ce sont des amas de flocons agglutinés de cinq à six centimètres de diamètre.
Au petit matin, il y a 1,20 m de neige sur le pont. Tout est transformé, le blanc du sol est plus lumineux que le ciel gris, les couleurs ont disparu. Il y a un véritable carrousel de chasse-neige dans la ville (3500 habitants). Seules les routes sont déneigées, il devient difficile et dangereux de se déplacer à pied.
En décembre, je passe mon permis de conduire (15 $), et nous achetons un gros van avec un bon chauffage. Nous pourrons y dormir, tout emmitouflés, lors de nos balades à l’intérieur du pays...
Au second hand du coin ["second hand store", magasin d'occasions (ndlr)], nous achetons tout notre matériel : skis de fond, de randonnée, peau de phoque (en plastique) etc. Le tout pour 50 $ et nous voilà parés…
(à suivre...)
Une traversée tranquille et sans problème majeur. Pot au noir de deux jours, avec un seul gros grain d’une heure. Juste à ce moment bien sûr, rupture de la drisse de grand voile. Il fallut monter en tête de mat, ce qui ne fut pas évident...
Honolulu, ville sans grand intérêt, si ce n’est l’avitaillement et le matériel nautique. Achat d’un radar et d’un système weather fax couplé sur la BLU. Nous pensions être tard dans la saison, alors qu’il s’avère que la meilleure période pour monter vers le Nord (Alaska ou Vancouver) est le mois d’août.
L’anticyclone s’établit très loin au Nord et fait remonter toutes les dépressions (les extra-tropicales sont parfois très rudes) au-delà de la «courbure» des îles Aléoutiennes. Phénomène que l’on pourra vérifier également pour le voyage de retour.
Du 25 juillet au 20 août 1998 : de Honolulu à Valdez.
Vingt-six jours de près plus ou moins serré. L’anticyclone fut toujours au rendez-vous mais très décalé vers l’ouest, ce qui nous donna uniquement du vent de N à NE !
Excepté trois journées un peu difficiles vers le 40è N, le vent fut toujours inférieur à 7 Beaufort et la mer toujours relativement maniable.
Nous voulions atterrir sur Kodiack. Malheureusement, la météo était franchement plus mauvaise, à 200 M vers l’ouest; ce qui fait que nous allâmes directement sur Valdez.
Sentiments inoubliables, à 100 M de la côte, la vision des immenses glaciers de Resurection Bay, des pics enneigés sur tout l’horizon, des nuits très claires, légèrement marbrées par les aurores boréales ; notre premier saumon à la ligne de traîne, et puis 24 heures plus tard, notre entrée dans Prince William Sound parmi les growlers.
De septembre 1998 à août 2000 : Prince William Sound, Valdez.
Imaginez une baie de 100 M de diamètre, pratiquement complètement fermée, avec des centaines de mouillages praticables de juin à début septembre. Nous « traînons » une quinzaine de jours dans quelques mouillages.
Les loutres marines sont omniprésentes, par groupes de deux à plusieurs douzaines, cramponnées aux grandes algues pour éviter de dériver. Une pierre posée sur leur ventre, elles cassent leurs coquillages dessus, faisant des loopings dans l’eau pour enlever les débris...
Elles ne semblent pas effrayées par notre présence mais nous fixent du regard lorsque nous passons a proximité.
Les aigles à tête blanche (Bald Eagles) pêchent, imperturbables eux aussi face à notre présence. Leurs postes d’observations semblent être les sommets des petits icebergs (quatre à six mètres).
Les ours bruns, ou noirs, sont également partout. Des odeurs très musquées nous accompagnent souvent dans nos balades à pied. Ils nous sentent certainement avant qu’on puisse les voir. Leur vue, par contre, est très mauvaise ; aussi vaut-il mieux faire beaucoup de bruit lors de nos déplacements, pour ne pas les surprendre, et ne pas emmener de nourriture, pour ne pas les attirer.
Des groupes de phoques se laissent dériver sur les gros growlers, comme des touristes sur leurs matelas. Leurs regards sont presque humains, avec une lueur d’étonnement au fond des yeux.
Mi-septembre, il est temps d’aller inscrire notre fille Sarah à l’école. Nous devons également nous préparer pour l’hiver dans le petit port de pêche de Valdez.
Rester au mouillage l’hiver, même dans la baie de William Sound, est très difficile à réaliser.
Quelques mouillages pourraient s’y prêter, mais il faut bien préparer son coup. C’est six à huit mois d’isolement total, sans possibilité de se déplacer. Donc réserve alimentaire, gas-oil...
Plus tous les impondérables que nous ne connaissons pas (par rapport au froid ). Ce ne serait plus le but du voyage...
Le matin, il y a de la gelée blanche sur les pontons et les sommets alentours sont de plus en plus blancs, de plus en plus bas. Tout le cockpit et la descente de Satyavan sont bâchés de façon à faire une sorte de sas pour se déneiger et se déshabiller.
Fin octobre, la neige est toujours timide mais le froid beaucoup plus intense. Avant que tout soit recouvert, tout le monde en profite pour faire de grandes parties de patins à glace sur le lac voisin.
Le 30 octobre, les parties de halloween s’accompagnent d’énormes flocons de neige. (“it snows hamburgers”). En fait, ce sont des amas de flocons agglutinés de cinq à six centimètres de diamètre.
Au petit matin, il y a 1,20 m de neige sur le pont. Tout est transformé, le blanc du sol est plus lumineux que le ciel gris, les couleurs ont disparu. Il y a un véritable carrousel de chasse-neige dans la ville (3500 habitants). Seules les routes sont déneigées, il devient difficile et dangereux de se déplacer à pied.
En décembre, je passe mon permis de conduire (15 $), et nous achetons un gros van avec un bon chauffage. Nous pourrons y dormir, tout emmitouflés, lors de nos balades à l’intérieur du pays...
Au second hand du coin ["second hand store", magasin d'occasions (ndlr)], nous achetons tout notre matériel : skis de fond, de randonnée, peau de phoque (en plastique) etc. Le tout pour 50 $ et nous voilà parés…
(à suivre...)
Daniel et Catherine - Satyavan
Août 2002
Août 2002
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